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Choisir sa lessive quand on souffre de dermatite atopique

La question de la lessive revient régulièrement et très tôt dans la conversation autour de la dermatite atopique. Comme tout questionnement, il appelle des réponses rationnelles mais il soulève d’autres questions irrationnelles. Nous allons aborder les deux.

 

La part rationnelle concerne des questions bien concrètes :

lessive et dermatite atopique

laver son linge quand on souffre de dermatite atopique

1/ La lessive est-elle responsable de la dermatite atopique ? Non, et trois fois. Non la dermatite atopique est due à une peau sèche qui fonctionne en mode éponge au lieu de fonctionner en mode papier film alimentaire.

2/ La lessive aggrave-t-elle la peau sèche ? La réponse devrait être non. Mais il est possible que la réalité soit autre. En théorie, le cycle de rinçage est suffisamment efficace pour enlever toute trace de lessive. En pratique, il est bien probable que le rinçage ne soit pas efficace à 100 %, la meilleure preuve étant que si votre linge reste parfumé, c’est bien qu’un peu de la lessive persiste dans votre linge.

3/ Comment la lessive agit-elle pour aggraver la peau sèche ? Comme tout produit chimique, elle décape, cet effet s’appelle « caustique ». D’où le message global d’éliminer dans votre salle de bain tout produit chimique inutile. N’oublions pas que la dermatite atopique est une maladie du monde moderne. Et dans ce monde moderne les produits chimiques prennent une part très importante.

4/ Comment faire mieux ? Deux attitudes complémentaires : mettre moins de lessive dans votre cycle lavage. La moitié suffira très bien. Et faire deux cycles de rinçage.

5/ Y a-t-il des lessives plus agressives que d’autres ? Il vaut mieux éviter les lessives en poudre et les lessives à fort parfum. Quant au Savon de Marseille, il ne lave pas toutes les tâches.

6/ Que faut-il penser du label hypoallergénique ? Ce label a l’immense tort de laisser penser que la dermatite atopique serait d’origine allergique, et qu’il faudrait éviter les allergènes. Ceci est parfaitement faux. La confusion entre le mot allergique et le mot inflammatoire est le premier obstacle de compréhension de cette maladie. Et il est fort regrettable que l’industrie ménagère ne tienne pas compte des difficultés des patients dans ce labyrinthe. Le label : « lessive adaptée aux peaux atopiques«  serait largement plus cohérent.

7/ Faut-il un adoucissant ? Sûrement pas. Puisqu’il s’agit encore une fois d’un produit chimique tout à fait inutile. Pour ceux qui souhaiteraient avoir un contact plus doux, l’adoucissant peut être remplacé par le vinaigre blanc et par les balles de lavage.

8/ Faut-il faire sa lessive soit même ? Cette pratique est à la mode, mais sincèrement c’est beaucoup de travail pour un intérêt très faible. Le cœur du problème n’est vraiment pas là.

 

La part irrationnelle se place ailleurs : pourquoi cette question est-elle si fréquente et répétée dans la consultation alors que son impact réel est très faible dans la prise en charge de la maladie ? Plusieurs réflexions :

1/ Toujours l’illusion que la dermatite atopique ne serait due qu’à une seule cause, un seul facteur, et qu’il suffirait de le trouver pour s’en débarrasser. Si ce schéma est vrai pour l’eczéma de contact, il ne concerne pas la dermatite atopique. Cette confusion est entretenue par les forums qui mélangent allergie et inflammation alors que la différence est de taille.Comment vivre avec un eczéma chronique des mains ?

2/ Mais le vrai obstacle sous-jacent est qu’il est bien plus facile de changer de bidon de lessive que de s’engager à se pommader tous les jours de la vie. Le changement d’habitude ne sera possible que lorsque le patient aura compris comment fonctionne sa peau. Quelle attitude il doit adopter définitivement pour pouvoir la sauvegarder et qu’il en aura ressenti le bénéfice au quotidien. Bien évidemment l’application d’un émollient au quotidien ne résout pas tous les problèmes. Mais ne pas le faire n’offre aucune chance d’amélioration.